T.A.Z. (2022) série de dessins puzzle réalisés pour l’exposition Question de vie
« Wendy le prit dans ses bras, et Danny se laissa étreindre sans réagir. »
Shining, p 303, Stephen King.
Je veux rendre hommage à ce sursaut d'éveil que permet la peur, l'attention à l'autre, au plus faible, qui n'affaiblit pas, bien au contraire.
C'est la scène dans Shining où Danny revient de la chambre 237 dans un état tétanique suite à une agression. Le père vient de faire un cauchemar et Wendy (la mère) était en train de consoler ce dernier juste avant l'arrivée de l'enfant. Elle commence par lui dire d'aller jouer dans sa chambre mais comme Danny ne répond pas, elle décide de venir à sa rencontre puis de se mettre à sa hauteur pour entrer en communication, en contact visuel avec lui. Elle se rend compte de sa catalepsie et prend alors la décision juste de se baisser physiquement pour se mettre à son niveau pour entrer en empathie avec lui, par les yeux, par le contact, par l'amour. C'est le début des hostilités avec le père. Elle a choisi son camp.
J'ai pris le temps de dessiner ce moment clé en en faisant une série qui se déplie telle une pellicule, quelques arrêts sur image qui prennent vie par le dessin, par ce traitement spécial de la fragmentation dans ma pratique du dessin puzzle et aussi par la vivacité des couleurs, pour enflammer la répétition et signifier qu'au sein de chaque micro-seconde de ces moments, tout se joue.
Si j'extrapole, je dirais qu'à chaque instant, qu'à chaque image de notre vie, on peut se perdre ou se retrouver.
Par le geste de se baisser et de toucher l'autre, de l'envelopper, elle lui dit je te crois.
Par ce geste, elle trouve l'énergie du combat à venir. En acceptant de donner TOUTE son attention au plus faible qu'elle, elle va créer un circuit autonome d'énergie qui va circuler, d'elle en lui, de lui en elle, pour devenir plus fort qu'une simple addition, pour devenir une force en puissance, exponentielle.
Le fameux JE TE CROIS est une ZAD, une action, un acte politique d'inclusion, qui lutte contre le pire but des psychopathes de tous bords (y compris la psychopathie capitaliste) qui est de rendre atone l'autre, de lui enlever sa voix pour mieux éparpiller son être et enfin le rendre distendu, disloqué en « little pieces », pour In fine, l'anéantir, le faire disparaître.